dimanche 1 mars 2009

Coup d'oeil sur le polar historique

Chez 10/18, une des spécialités, devenue une véritable institution, est la collection "Grands détectives" dirigée par Jean-Claude Zylberstein. Certaines séries sont attendues par les lecteurs avec impatience, et chaque volume est un succès.
J'ai eu l'occasion, cette semaine, d'échanger des messages avec deux auteurs qui y publient ces temps-ci leur dernier livre.
Fabrice Bourland sort dans quelques jours La dernière enquête du chevalier Dupin, où il fait revivre le personnage légendaire d'Edgar Poe, afin de lui faire éclaircir le mystère de la mort de Gérard de Nerval.
Gyles Brandeth a, de son côté, offert à Oscar Wilde les talents d'un détective amateur inspiré par le détective créé par son ami Conan Doyle. Il l'avait déjà placé sur une enquête dans Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles, réédité au format de poche. Il remet le couvert (j'ose le dire parce que le roman commence et se termine par un dîner) dans Oscar Wilde et le jeu de la mort.
La place étant mesurée dans Le Soir où paraîtra vendredi l'essentiel de ce double entretien effectué par courrier électronique, je ne pourrai y inclure toutes les questions que j'ai posées aux écrivains. Je vous les offre donc - avec, bien entendu, leurs réponses.

De quelle manière menez-vous le travail de documentation nécessaire à vos romans?

Gyles Brandtreh. - Avant tout, mes histoires sont des énigmes criminelles et je veux y respecter toutes les règles de l’écriture d’une énigme criminelle. Ensuite, je veux que les gens croient à ce qu’ils lisent. L’exactitude est importante. La clé se trouve dans l’attention portée aux détails. J’ai été aidé par la lecture de mes livres qu’a faite le petit-fils d’Oscar Wilde, et il a corrigé quelques erreurs. Si vous lisez mes livres, je veux donner l’impression que tout ce que vous y trouvez est tout à fait exact et authentique.

Fabrice Bourland. - La phase de documentation est chez moi primordiale. Je n’ai au départ qu’une idée assez vague de ce que je veux faire: juste un thème, une image. C’est en lisant des tonnes de livres qui tournent autour de ce thème que l’intrigue se compose, que les éléments se mettent en place. Les faits divers et anecdotes historiques forment l’ossature de mes histoires, elles les structurent. Ensuite, l’imagination fait le reste. En général, j’ai rarement visité les lieux dont je parle. J’en ai surtout une connaissance livresque. Pour La Dernière Enquête du chevalier Dupin, le gros de l’action se situe dans le quartier des Halles, à Paris. Je connais très bien l’endroit et, au moment où j’ai écrit le récit, je travaillais même à deux cent mètres de là. Pourtant, cette proximité physique m’a été de peu d’utilité, sans compter que le quartier a énormément changé depuis 1855. Je préfère travailler d’après photos et illustrations de l’époque, puis laisser libre cours à ma fantaisie. Ce jeu d’exhumation mentale des temps révolus me plaît. Pour La Dernière Enquête, j’avais épinglé au-dessus de mon bureau la gravure de Célestin Nanteuil représentant la rue de la Vieille-Lanterne.

Avez-vous l’intention de sortir de cette veine dans un avenir plus ou moins proche?

Gyles Brandtreh. - Dans le passé, j’ai écrit des fictions romantiques – et je pourrais encore le faire. Mais la vie d’Oscar Wilde est inépuisable. Il est allé partout – en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie, en Grèce, en Amérique, en Afrique du Nord –, il connaissait tout le monde. Il a goûté à la douceur du succès et à l’amertume de l’échec. Son histoire est si riche – et les personnages du dix-neuvième siècle sont si fascinants. Ce n’est pas un monde que je suis près d’avoir envie de quitter.

Fabrice Bourland. - Pas pour le moment. A dire vrai, avec la série des «Aventures d’Andrew Singleton - détective de l’étrange», je me sens relativement libre. Pour rappel, il s’agit de récits rédigés à la première personne par un détective lettré ayant vécu dans la première moitié du XXe siècle et publiés à titre posthume. Singleton était un drôle de limier: il passait son temps à bouquiner et ne daignait lever le nez de ses livres que pour élucider, en compagnie de son acolyte James Trelaweney, des énigmes ayant trait à la littérature. Chaque histoire de la série est censée avoir été dénichée de nos jours dans la malle d’un grenier. À côté des récits d’enquêtes menées et racontées par «Singleton le détective», on découvre aussi dans le coffre quelques manuscrits réunis par «Singleton le collectionneur de curiosités littéraires». Grâce à ce subterfuge, je suis libre de présenter au lecteur des histoires improbables se situant à n’importe quelle époque, mettant en scène d’autres personnages que mes deux héros attitrés. D’ailleurs, c’est dans ce registre qu’entre La Dernière Enquête du chevalier Dupin, qui sort cette semaine chez 10/18.

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