lundi 12 avril 2010

Zapculture, le retour

Me revoici. Avec un numéro de Zapcultures que j'ai eu bien du mal à faire parvenir jusqu'à vous - connexion paresseuse - mais dans lequel les curieux devraient trouver quelques sujets d'intérêt, du côté de la musique et de la littérature. Une bonne journée après son montage, cette "émission" datée d'hier vous appartiendra en suivant le lien du caque audio...

On ouvre avec Arno, le chanteur belge à l'accent flamand à couper au couteau, à la voix chargée d'alcool et de fumée, pour son nouveau disque, Brussld, titre sobre (oui!) et incompréhensible, sauf si l'on se souvient que ce Bruxellois, originaire d'Ostende, revendiquait son appartenance à l'Europe il y a longtemps déjà et que les barrières de langue ne lui ont jamais fait peur.
Je n'ai pas écouté le disque en entier - une chanson par-ci, par-là, couleur sombre et rythmes paresseux - et les critiques rassemblés par Télérama n'ont pas aimé. Ils ont peut-être raison. A moins que le journaliste de Tout arrive (France Culture) qui a, lui, apprécié, soit dans le bon...
Sous sa diction... particulière, vous comprendrez peut-être comment Arno écrit ses chansons, en puisant autour de lui et sans trop bosser, puisqu'il n'aime pas ça. (00'25"-02'34")

Place à la littérature, trois sujets aujourd'hui, avec de mon côté un faible pour le premier: le nouveau roman de William Boyd, Orages ordinaires. Comme l'annonce l'émission, Tout arrive, "la discussion porte d’abord sur sa méthode de travail avant d’entrer plus précisément dans les questions que posent le roman: «Que reste t-il quand on a tout perdu?» «A-t-on encore une identité?». Adam Kindred, personnage principal de ce thriller humaniste, n’a plus rien et doit «se réinventer pour survivre» comme le précise l’auteur."
Boyd, c'est - les moins jeunes s'en souviennent peut-être - cet écrivain britannique dont Bernard Pivot proposa un jour de rembourser lui-même le livre aux acheteurs qui auraient été déçus. Je ne sais pas s'ils furent nombreux à venir trouver l'animateur d'Apostrophes dans ce but. En tout cas, il n'y a rien de décevant, bien au contraire, dans ce roman londonien à l'atmosphère de thriller auquel j'ai consacré, la semaine dernière, un article dans Le Soir. (02'34"-05'06")

Je n'ai pas lu, en revanche, le nouveau roman de Guillaume Musso, La fille de papier. Et - pardonnez-moi - je ne crois pas que je le ferai. Ou alors, plus tard, quand il sortira au format de poche. Je n'ai pourtant aucun mépris pour le succès, j'aime des livres qui se trouvent placés très haut dans les listes de meilleures ventes - pas tous, quand même, faut pas exagérer. Dans ce cas-ci (comme dans d'autres), je suis quand même légèrement irrité par l'argument commercial qui repose presque exclusivement sur le tirage - énorme, je vous l'accorde, bien que j'aie oublié le chiffre exact.
En ce qui me concerne, je préfère les arguments littéraires pour juger de la qualité d'un livre.
Dans Les livres ont la parole (RTL), ce que j'ai entendu à ce sujet ne me rassure pas complètement. Il paraît que Guillaume Musso a un culot monstre, qu'il ose tout. Pensez donc! Il introduit un personnage de fiction dans la fiction! Quelle audace!
Et je me trompe probablement en ayant la vague impression que cela a déjà été fait quelque part, et souvent... (05'06"-06'02")

J'ai davantage de sympathie pour Katherine Pancol dont le troisième (et dernier?) volet de l'énorme feuilleton commencé avec Les yeux jaunes des crocodiles est l'autre énorme succès du moment. Je ne vous donnerai pas non plus les chiffres du tirage, de la mise en place chez les libraires, des réimpressions, etc. Mais j'ai lu Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi, comme j'avais lu les deux volumes précédents (celui-ci est le plus épais). Et je peux donc vous en dire un mot. (Pour le détail, il faudra se reporter à cet article.)
On ne s'ennuie pas chez Pancol. Pas souvent. Je me suis parfois dit qu'elle aurait pu couper deux ou trois cents pages (enfin, c'est peut-être parce que je me devais d'aller jusqu'au bout avant d'en parler, et que cela m'aurait permis de lire autre chose). Mais l'histoire tient la route, les personnages sont bien campés - surtout si on a pris le temps de s'habituer à eux depuis le début et Joséphine, l'héroïne, est attachante.
D'ailleurs, écoutez comment la romancière raconte, dans Regarde les hommes changer (Europe 1), la naissance de Joséphine. (06'02"-09'01")

On va finir comme on avait commencé, en musique - mais pas du même genre -, avec Patricia Petibon qui chante des airs baroques italiens sur Rosso. Elle était invitée au Rendez-vous (France Culture) et la présentation de l'album est si enthousiaste que je vous la livre telle quelle.
"Une chanteuse dont la seule apparition suffit à vous mettre de bonne humeur – même si vous savez que ce qu’elle va chanter sera grave, émouvant ou pathétique, et que l’orchestre déjà vous le fait entrevoir. On prend du plaisir même à la tristesse: n’est-ce pas étrange ? Et il augmente encore dès qu’elle ouvre la bouche. Les difficultés de la vie se sont effacées. Déjà vous les avez oubliées.
Patricia Petibon réussit ce prodige: elle vous rend heureux alors que ce qu’elle chante vous fait venir les larmes aux yeux... Mais le plus étonnant dans le programme qu’elle nous propose sur cet album est que ses qualités particulières correspondent si bien à la musique qu’elle nous offre. Elle chante toutes sortes de musiques, de Lully et Haendel à Bernstein, en passant par Mozart et Debussy, avec une affection particulière pour la musique baroque. Pourtant, ce n’est pas par elle qu’elle a commencé. «Quand je suis arrivée au Conservatoire de Paris, dit-elle, et que j’ai étudié avec Rachel Yakar, j’ai travaillé avec elle toutes sortes de musiques. Je chantais alors Zerbinetta dans Ariane à Naxos de Richard Strauss. Je continue à aimer toutes les musiques ensemble: chanter le rôle d’une religieuse dans les Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc, c’est aussi émouvant que donner sa voix à toutes les amoureuses que j’ai enregistrées.» Quant à la musique baroque, c’est la rencontre avec William Christie qui l’a, reconnaît-elle «orientée dans ce sens».
La musique qu’elle nous propose dans cet enregistrement constitue comme un concentré de ce que fut l’opéra, né en Italie et répandu à travers l’Europe. La sensibilité baroque, le goût, le plaisir en ce temps-là, ne pouvaient se satisfaire d’une déclamation musicale spianata (simple et naturelle). Il leur fallait la surprise, l’émotion, l’émerveillement. Les compositeurs, comme leur public – et les chanteurs plus encore – désiraient une sorte de merveilleux, une féérie, et même un peu de folie, par la voix: un style fiorito. La poésie, devenue serva de la musique, cherche à caractériser les affetti et donne naissance à une forme close, l’aria con da capo, permettant la transcription lyrique, dramatique ou légère, du sentiment et donnant au chanteur la possibilité de le développer par la virtuosité. Il doublait ainsi l’émotion par l’émerveillement. L’univers baroque se situe délibérément dans l’irréel, et le merveilleux vocal répond à ce qu’était alors la mise en scène pleine d’apparitions, de vols et de nuages. Il répond par les sons à l’émotion lyrique de la Sainte Thérèse du Bernin, tout comme la virtuosité architecturale de Borromini accompagne celle des chanteurs." (09'01"-11'32")

Générique, fin, et à la semaine prochaine si tout va bien.

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