mardi 2 novembre 2010

Les prix, c'est l'inflation : trois Femina, deux Virilo

Trois Femina, deux Virilo, c'est le tarif du jour pour les prix littéraires. Et la saison se poursuit plutôt agréablement après le Grand Prix du roman de l'Académie française de la semaine dernière.

Certes, je n'ai pas lu La vie est brève et le désir sans fin, de Patrick Lapeyre, prix Femina du roman français (avec près d'une demi-heure de retard sur l'horaire annoncé, les débats ont dû être serrés). Mais tout ce que j'en ai entendu dire me donne à penser que j'aurai du plaisir à le découvrir le moment venu. Quand il sortira au format de poche, probablement.
Et je ne sais rien, malheureusement de l'Elisée Reclus de Jean-Didier Vincent qui lui vaut le prix Femina de l'essai.

Mais Purge, de Sofi Oksanen, qui avait déjà reçu le prix Fnac, et qui double la mise avec le prix Femina du roman étranger, est un livre formidable. Il y est question de l'Estonie, à l'Histoire complexe et liée à celle de l'URSS autant que de l'Allemagne (pour les années d'occupation pendant la seconde Guerre mondiale). Une jeune femme qui a vécu l'horreur de l'esclavage sexuel alors qu'elle croyait trouver la richesse découvre, dans la maison où a vécu sa famille, ce qu'il reste du souvenir de celle-ci, par Aliide, chargée des secrets du passé. L'atmosphère est aussi lourde que les gestes peuvent être légers, les époques se croisent - des années quarante aux années quatre-vingt-dix. Et la réussite est complète pour cette jeune auteure dont il s'agit du premier livre traduit en français.

Face aux dames du Femina, les moustachus du Virilo ont imposé leurs moustaches (postiches) autant que leurs choix depuis la création de leur prix. Double prix, en réalité.
Le prix Virilo proprement dit récompense le meilleur roman francophone de l'année et va à Emmanuel Dongala pour Photo de groupe au bord du fleuve - paradoxalement couronné pour, je cite le jury, "la description féministe d'une Afrique contemporaine démunie et violentée mais pleine d'espoir et d'humanité."
Et le prix Trop Virilo, qui récompense "la poussée de testostérone littéraire de l'année" va à... une femme, Virginie Despentes, pour Apocalypse bébé. Je cite encore le jury qui justifie ainsi son choix: "Jusqu'à sa fin explosive, le roman tend à prouver que le seul moyen pour devenir complètement femme, c'est d'emprunter les codes virils du mâle."
Je me garderai bien de faire mienne cette interprétation. Et je me contenterai de la satisfaction de voir couronnés deux excellents livres - que j'ai lus et appréciés.

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