mercredi 15 juin 2011

Bobottin chéri, mon amour - (L'année littéraire 22)


Bien souvent, nous nous interrogeâmes sur cette incongruité: Bottin, que nous aimions à appeler Bobottin en raison d'un goût à peine caché, et parfois même très visible, pour la face B des filles (comme écrivait alain mabanckou, il a dit B comme Bobottin, quand il n'était pas encore invité dans la rue), sébastien de son petit nom, avait collé son patronyme sur la rue où gallimard (dit gallimuche en interne par les mauvaises langues), gaston de son petit nom (gastounet pour les irrespectueux) fonda sa maison désormais centenaire.
Bérénice (joli popotin, la demoiselle), en nous appelant tout à l'heure (sachant que nous nous dépatouillons toujours très mal de la technique de la messagerie instantanée), crut nous soulager en nous communiquant la nouvelle qui courait depuis longtemps dans paris, gégé avait conquis quelques arpents de trottoir et le bâtiment où errent, la nuit, des directeurs de collection incapables de trouver la sortie: un bout de rue porterait son nom.
Bérénice avait tort: au lieu de nous faire chaud au cœur, l'information provoqua un malaise qu'il fallut masquer sous un intérêt, très inhabituellement artificiel, pour un popotin qui se balançait dans la rue, deux étages plus bas, et que nous suivîmes du regard en n'écoutant plus notre correspondante et en, quand même, nous sentant un peu mieux.
Bobottin, c'était bien, ce B doublement arrondi qu'il suffisait d'observer sous tous les angles, de renverser, d'approcher, pour en éprouver des émois qui furent parfois, il faut bien l'avouer, extrêmes, tandis que ce double g, que peut-il évoquer sinon un gland, dans le sens où vous voudrez, ou un mou du genou?
Bérénice n'était plus au bout du fil.
Bobottin perd une partie de sa surface, mais pas de ses attraits.

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