lundi 8 août 2011

Le lecteur de ce journal, en 1990

Il y longtemps que je lis, vous devez vous en douter (50 ans?). Un peu moins longtemps que j'écris sur les livres (35 ans?). Et, pour retrouver les articles, il a fallu attendre qu'ils soient archivés sur Internet (depuis une vingtaine d'années).
Pour celles et ceux qui aiment jeter un coup d’œil dans le rétroviseur (on dit que c'est prudent), j'ouvre donc une collection de compilations avec Le journal d'un lecteur 1990, disponible sur commande en version papier (format poche, 136 pages, 10€ + frais de port) ou en version électronique (format PDF, 3,50€).
En voici la présentation.

En 1990, je me suis fait voler une carte de crédit. Trop attentif à la discussion que j’avais avec San-Antonio, je ne surveillais pas ma veste. Cela m’a coûté un peu d’argent, mais j’avais fait une belle rencontre. (Avec Frédéric Dard, pas avec mon voleur!)
Que reste-t-il, outre cette anecdote, d’une année de lectures? Des émotions en pagaille, le souvenir de découvertes et de déceptions – encore celles-ci sont-elles généralement très vite oubliées.
Prenons donc cette année 1990: un Goncourt plein de promesses aujourd’hui tenues (Jean Rouaud), un Renaudot dans le doute sur la suite de son travail d’écrivain (Jean Colombier), un Femina au mitan d’une œuvre déjà très affirmée (Pierrette Fleutiaux).
Et bien d’autres ouvrages, signés des plus grands noms – Patrick Modiano, San-Antonio, Paul Auster, Kazuo Ishiguro. Ou d’inconnus, dont certains le sont restés: pour retrouver certains des livres qui m’ont touché cette année-là, il faut arpenter les marchés de l’occasion.
Modeste lecteur de fond, gros consommateur de littérature, je retiens 45 titres parus en 1990. Ils appartiennent à ma bibliothèque imaginaire (je ne conserve pas les livres). Les deux tiers ont été écrits en français, les autres viennent d’un peu partout: d’Europe de l’Est, du Nord, du Sud, des Amériques, d’Australie ou de la Réunion…
Le choix est éclectique: il faut de tout pour répondre à mes goûts. Moins best-sellerisée que ces dernières années, Katherine Pancol est déjà là. Au sommet d’une œuvre sur laquelle il ne s’éternisera pas, Hervé Guibert est encore vivant.
J’avais alors une chance qui, pour mon grand bonheur, dure encore aujourd’hui : j’écrivais déjà, depuis quelques années, dans Le Soir, quotidien bruxellois attentif au monde du livre et promoteur du principal prix littéraire belge (le prix Rossel). J’ai toujours eu l’impression d’y vivre ma passion de lecteur avec une heureuse liberté, d’y écrire les articles que je rêvais d’écrire. Et de rencontrer, grâce à tout cela, des écrivains devenus, pour quelques-uns, presque aussi familiers que leurs livres.
Ces articles, ces entretiens dans lesquels je puise pour faire, tardivement, le bilan d’une année, méritent-t-ils de survivre au papier journal qui les avait d’abord accueillis?
Franchement, je n’en sais rien. Du moins, à les relire, me suis-je plutôt amusé à retrouver des enthousiasmes nourris de plaisir. Si je pouvais, ne serait-ce qu’un peu, faire partager ce plaisir, le mien s’en trouverait augmenté.
Quant à prétendre qu’il s’agit là de la photographie d’une année littéraire, ne comptez pas sur moi. C’est plutôt le résultat d’un vagabondage permanent, d’une curiosité qui m’aide à vivre.
C’est peu et beaucoup à la fois.

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