samedi 26 novembre 2011

Jack Kerouac sauvé des eaux : "The Sea is My Brother"

C'est l'événement littéraire de la semaine: la sortie, hier, d'un roman inédit de Jack Kerouac, le premier qu'il a écrit et dont on croyait le manuscrit perdu à jamais. The Sea is My Brother, inspiré par les quelques mois où le futur écrivain avait travaillé, en 1942, dans la marine marchande, est une découverte capitale pour tous les lecteurs de Kerouac - aussi importante que la publication de la version originale, celle du "rouleau", de Sur la route.
Écrit en 1943, ce roman utilise les matériaux que Kerouac avait accumulés lors de sa vie de marin. Au cours de celle-ci, il avait en effet tenu un journal dans lequel il décrivait son expérience, ce qu'il voyait, les personnes qu'il côtoyait, destinant clairement ces notes à un roman.
Celui-ci, à en juger par la préface et la dizaine de pages qu'on peut en lire sans acheter le livre (c'est ici), est une belle surprise. Il distribue entre les deux personnages principaux, Everhart et Martin, ce que Kerouac trouve en lui de personnalités dissociées. ("In my novel, you see, Everhart is my schzoid self, Martin the other; the two combined run the parallel gamut of my experience.") Ils se rencontrent vers la fin du premier chapitre (si le premier chapitre est complet dans la partie disponible à la lecture) et l'on sent naître chez eux une fascination réciproque.
Mais c'est surtout Martin qui est présent dans ce début, errant sans but après avoir dépensé, il se demande bien comment, huit cents dollars en quinze jours, se retrouvant avec seulement quelques pièces de monnaie en poche, essayant de reconstituer la dernière nuit qui lui a coûté, estime-t-il, cent cinquante dollars. Une virée avec des marins en goguette, de la bonne musique, de la danse, des chambres d'hôtel, de la boisson... Le tableau, quand il s'est éveillé, ressemblait à un paysage d'après la bataille. Et il s'est remis en route dans New York, sauvant un petit chat d'un probable accident, puis entrant dans un bar, offrant une bière à une fille - ses derniers sous -, entrant dans le groupe auquel appartient Everhart et écoutant, sans rien dire, celui-ci parler: "Ma connaissance de la vie est seulement négative: je sais ce qui est mal, mais je ne sais pas ce qui est bien."
A suivre...

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