mercredi 27 juin 2012

Amélie Nothomb, 20 ans de fidélité à la rentrée d'Albin Michel

Oui, le temps passe. Le 28 août, il y aura vingt ans qu'Amélie Nothomb a publié son premier roman, Hygiène de l'assassin, chez Albin Michel. Barbe bleue sera donc, quelques jours avant cet anniversaire, son vingt-et-unième livre dans une rentrée littéraire qui, sans elle, ne serait pas tout à fait pareille. Ses admirateurs ne seront pas déçus, elle ne les trompe pas sur la marchandise, toujours un peu pareille. Comme chaque fois, j'en ai entamé la lecture avec beaucoup d'espoir - parce je pense, et probablement me répété-je, qu'elle a du talent. Comme (presque) chaque fois, je suis resté sur ma faim - la longue nouvelle, plutôt qu'un roman, ne l'a pas comblée. Admirez quand même la couverture, preuve que l'art du portrait d'écrivain ne cesse de se renouveler. Pour le meilleur et pour le pire?
Il y a probablement des nourritures plus consistantes. Les fidélités successives, par exemple, le nouveau roman de Nicolas d'Estienne d'Orves. Plus de 700 pages pour raconter l'aventure ambiguë de Guillaume Berkeley pendant la Seconde Guerre mondiale. Tout est double chez lui, et chacun de ses doubles est l'envers d'une vérité relative. Cela promet...
Prometteur aussi, le deuxième roman de Jean-Michel Guenassia. Souvenez-vous: Le Club des incorrigibles optimistes avait reçu, en 2009, le prix Goncourt des Lycéens. L'épigraphe de La vie rêvée d'Ernesto G. semble un écho du sujet choisi par Nicolas d'Estienne d'Orves: "La vérité, c'est qu'il n'y a pas de vérité" (Pablo Neruda). Il y est aussi question d'événements historiques, vécus à Alger, à Prague, à Paris - entre autres lieux, peut-être.
Véronique Olmi, dramaturge autant que romancière, donne son neuvième roman, Nous étions faits pour être heureux. Où la révélation d'un secret embarque deux personnages dans une direction à laquelle aucun d'eux n'avait pensé. L'imprévisibilité de nos vies donne toujours matière à réflexion, autant que matière à la fiction.
Et les premiers romans? Celui de Chloé Schmitt est porté par une rumeur favorable - durera-t-elle, ou retombera-t-elle? Les affreux vaut, affirme l'éditeur, par son souffle et sa langue. Vérifions tout de suite si le premier paragraphe nous emporte:
L'accident, on l'attend toujours de derrière, d'autre chose, on se méfie jamais trop de soi-même. Ou de devant, mais alors on ferme les yeux et c'est le noir. Vrai, j'avais rien vu venir moi. Déjà que je chopais pas le fond de ma gorge dans le miroir, le cerveau et tout le bazar fallait pas y penser!… Qu'est-ce que j'aurais pu faire? Je vous le demande, et je me le demande bien à moi aussi tiens.
Deux autres auteurs de la rentrée appartiennent au domaine français: Olivier Dutaillis (Le jour où les chiffres ont disparu) et Marianne Rubinstein (Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel).
Deux, c'est aussi le nombre d'écrivains traduits au programme d'août. Swamplandia, de l'Américaine Karen Russell, a été sélectionné par le New York Times parmi les cinq meilleurs romans de 2011. Et La vallée des masques, de l'Indien Tarun Tejpal, raconte la vie d'une communauté presque totalement fermée sur elle-même.

1 commentaire:

  1. A propos de Nothomb, je partage tout à fait votre avis: je ne la lis plus tant ça m'énerve de voir quelqu'un qui gaspille son talent pour céder à quoi: au bling-bling? à la médiatisation? aux pressions de son éditeur?
    Si elle voulait prendre le temps décrire un vrai roman qui ne soit pas dicté par le calendrier, elle pourrait vraiment - du moins je le crois - écrire un chefs-d'oeuvre... Mais tant que la France l'encensera, je crains qu'elle continue à produire sa centaine de pages annuelles et à courir les foires et salons et le reste du temps.
    Par ailleurs, j'espère que Guenassia sera à la hauteur des attentes: lui, il est vrai qu'il a pris le temps!

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