mardi 20 novembre 2012

Nicolas Fargues : au nom du fils, le père tremble


Au premier plan, la culpabilité est si présente qu’elle masque tout le reste. Le père de Clément s’en veut d’avoir été aussi rigide, aussi contradictoire avec un fils dont il ignorait, il est vrai, qu’il allait le perdre quand il aurait douze ans. « C’est bizarre, l’amour parental, me disais-je parfois en regardant Clément. Aimer son enfant, est-ce en aimer un autre que soi ou bien continuer de s’aimer soi-même, mais sans s’accabler de la mauvaise conscience d’être égoïste ? »
Puisque les choses sont sous-entendues dès les premières pages, avant d’être dites d’une manière plus brutale, il ne sert à rien de reculer devant l’évidence : Tu verras, le nouveau roman de Nicolas Fargues, tremble du désarroi d’un homme qui a perdu son fils. Nous ferons l’économie de la question de savoir s’il est nécessaire d’avoir connu cette déchirure pour la raconter. Au profit d’une autre question, surgie du cœur même de la fiction : celle-ci traduit-elle avec vraisemblance ce que pourrait être pareille tragédie dans notre vie, dans la vôtre ?
La réponse est oui, définitivement. Avec une nuance d’importance : Tu verras est aussi un roman dans lequel, et tant pis si cela semble dérisoire, puisque ce ne l’est pas, Nicolas Fargues passe au filtre d’une tragédie les obsessions dont il nourrit ses livres depuis une bonne dizaine d’années. A commencer par la difficulté et la nécessité qu’il éprouve de se confronter à l’autre. L’autre, ici, c’est d’abord ce préadolescent qui ressemble tant au narrateur tout en l’irritant. Ce sont aussi les amis de Clément, amateurs d’un rap que son père n’aime pas, ou la possible petite amie dont l’influence se ressent dans d’autres choix musicaux. Ce sera, à cause d’une femme qui servira d’initiatrice au père, un départ vers l’Afrique, sans espoir de rédemption mais avec celui d’une ouverture.
Tu verras est un livre à deux versants. Le plus sombre est aussi le plus évident. Il n’est pourtant pas le seul. Comme la nature, la vie a horreur du vide.

1 commentaire:

  1. cette critique donne envie de lire ce livre, j ai eu l occasion de rencontrer nicolas, il y a quelques annees a diego, dans un cadre professionnel , j ai lu deux ou trois de ses livres, que j ai aime moyennenent

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