mardi 12 février 2013

Une heure dans les yeux de Johnny

Je n'avais aucune envie de lire Dans mes yeux et, pourtant, je l'ai commencé ce matin. Avant de m'arrêter, au tiers de ce fatras d'anecdotes dont je me demande ce qu'elles peuvent apporter même aux fans du chanteur.
Amanda Sthers dit: "On s'est compris." Johnny et elle, veut-elle dire.  (Pas elle et moi, je le saurais.) J'accepte de la croire sur parole, mais que s'agissait-il de comprendre? Une légende bâtie sur mesure pour plaire au plus grand nombre? La légende du petit garçon malheureux qui, finalement, a quand même eu beaucoup de chance et, surtout, a eu la volonté de révolutionner (hum!) la musique de son époque? Surtout, d'ailleurs, en s'armant d'un répertoire fait de chansons venues des Etats-Unis.
Là où je me suis arrêté, Johnny Hallyday (avec deux "y", ne jamais oublier les deux "y", et apprendre pourquoi son nom de scène s'est écrit ainsi au lieu de "Halliday", comme il l'aurait voulu) vient de se lier d'amitié avec Jimi Hendrix, improbable compagnonnage - mais pourquoi pas? je veux bien tout accepter, moi... Donc, Hendrix sort son premier disque, Hey Joe, et propose à son ami Johnny de l'enregistrer en français. (Faites un effort: réécoutez les deux versions à la suite, pour voir.) Conclusion rapide de ce deal inattendu: "La semaine suivante, nous étions numéro un ensemble, lui en Angleterre et moi en France."  La belle amitié ne durera pas, l'histoire est liquidée quelques lignes plus loin.
Au passage, notons quand même que Hey Joe n'a jamais été n°1 au hit-parade (oui, oui, on disait ainsi) britannique, mais n°6 (selon Wikipédia, certes, qui n'a pas toujours raison mais, dans ce domaine, probablement plus souvent que Johnny). Et aussi que la version de Jimi Hendrix est sortie le 2 novembre 1966 tandis que celle de Johnny Hallyday a vu les bacs en mars 1967. On est assez loin de ce qui est raconté. Si tout est de la même eau, la vérité ne se lit pas vraiment au fond des yeux de Johnny.
Amanda Sthers nous avait prévenus, il est vrai, dès la première page: "Ce livre n’est pas un recueil de faits, il ne s’agit pas de la pure vérité, peut-être même que les dates ne sont pas exactes, qu’importe. Ce sont les souvenirs de Johnny, sa vie comme il s’en rappelle, ce qu’il a ressenti, ceux qu’il a rencontrés, ceux qu’il a aimés, ceux qu’il regrette d’avoir aimé et de ne pas avoir aimé aussi."
La légende s'entretient elle-même, donc. (C'est d'ailleurs une des caractéristiques des légendes.) Mais je pense que je vais la laisser faire son chemin sans moi. Et que je ne lirai jamais les deux derniers tiers de ce livre, si j'ose utiliser le mot alors qu'il s'agit d'un de ces non-livres dont les librairies sont pleines. Et les listes de meilleures ventes aussi, malheureusement.

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