jeudi 29 août 2013

La solitude d’une femme de cosmonaute

La vie de Léna ressemble à celle des femmes de marins. Comme elles, Léna connaît l’absence, les longues périodes pendant lesquelles Vassili est à la Base. Mais Vassili n’est pas marin. Il est aviateur au moment où l’URSS est sur le point de se défaire, ce que personne ne prévoit encore. Léna ne maîtrise rien de son calendrier, dicté par la hiérarchie. Il rentre quand il peut, parfois au milieu de la nuit. Elle préfère, d’ailleurs, puisqu’il n’est pas alors accaparé par les enfants des cohabitants, désireux d’entendre Vassili raconter ses vols.
Léna devient femme de cosmonaute quand Vassili est choisi pour une mission de plusieurs mois sur la station Mir. Avant le départ, le rythme devient plus régulier, ensuite, il faudra attendre le retour pendant des mois…
La solitude d’une femme est au cœur du premier roman de Virginie Deloffre, qui traduit ce sentiment dans les lettres que Léna envoie à sa famille d’adoption. Elle y apparaît de plus en plus fragile, minée par les incertitudes liées à la carrière de son mari. De son côté, celui-ci transmet au livre la vibration d’une exaltation venue de loin, des intuitions géniales d’un savant méconnu du dix-neuvième siècle et prolongée dans une course à l’espace menée contre les Etats-Unis, l’adversaire de la Guerre froide. Chaque succès est un moment de fierté nationale, et le récit qu’en fait la romancière transcende la documentation pour devenir le pilier central de la construction.
Ajoutons que la vie quotidienne dans le Grand Nord sibérien est restituée avec talent. Il y a bien des raisons de découvrir Virginie Deloffre. Les libraires ne s'y sont pas trompé: ils ont donné leur prix à ce roman.

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