mardi 17 décembre 2013

Les meilleurs poches de l'hiver (6)

Oui, la liste est longue - c'est qu'il en faut pour tous les goûts qui sont, on le sait, très différents d'un(e) lecteur-lectrice à l'autre. Une avant-dernière série, donc, avant de conclure.

Dave Eggers, Zeitoun

L’ouragan Katrina, qui a frappé La Nouvelle-Orléans en 2005, est une source inépuisable pour les écrivains. Peut-être parce qu’il a révélé, de la société américaine, ce qui avait vocation à rester dans l’ombre. Inégalités et injustices se sont trouvées, dans le cas de la famille Zeitoun, renforcées par l’ombre du 11 septembre 2001. L’enquête de Dave Eggers, implacable, éclaire d’inquiétantes dérives de ce qu’on ose à peine appeler les droits de l’homme.

Nuala O’Faolain, Ce regard en arrière

Une formidable entrée en matière avec, en 1986, la cérémonie de remise à neuf de la Statue de la Liberté. Reagan est là avec Nancy, Mitterrand avec Danielle. Et Sinatra, Mireille Mathieu, beaucoup d’autres. Mais Nuala O’Faolain ne trouve pas vraiment l’Amérique qu’elle aimerait aimer. Elle l’exprime avec nuance et un grand luxe de détail, comme sur les autres sujets des chroniques rassemblées après sa mort. Une lucidité et une énergie qui font du bien.

Richard Goolrick, Arrive un vagabond

A la fin des années 40, Charlie Beale arrive dans une petite ville de Virginie. Aimable avec tous, ses qualités de boucher en font un homme indispensable. En revanche, il ne parvient pas à comprendre l’obsession de l’enfer qui nourrit les sermons des pasteurs. C’est différent chez les Noirs, mais il n’y a pas sa place. Il n’aura plus aucune place, de toute manière, quand sa liaison avec une femme mariée sera connue de tous. Un roman passionné et tragique auquel sa couverture ne rend pas justice.

Henri Barbusse, Le Feu

Prix Goncourt 1916, Le Feu est un des romans emblématiques de la Grande Guerre, grâce surtout à deux qualités rares. Il restitue l’atmosphère oppressante, presque insupportable, des tranchées, avec leur cortège quasiment ininterrompu d’horreurs. Il fait entendre les voix des soldats dans leurs diversités régionales, accents compris, et aussi les jurons pour respecter la vérité. Dommage que le livre se termine par quelques pages de prêchi-prêcha, sans lesquelles il serait presque parfait.

Antonio Penacchi, Canal Mussolini


Avec Mussolini, les trains arrivaient à l’heure, note-t-on souvent pour dire que tout n’allait pas si mal en Italie sous le fascisme. Autre entreprise du « grand homme » : assécher les marais pontins, en éradiquer la malaria et les rendre cultivables. César, Néron ou Napoléon avaient déjà échoué. Dans les lignes presque parallèles d’une idéologie et de parcours individuels, Antonio Pennacchi retrouve toute une époque et son image déformée par la propagande.

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