mercredi 4 juin 2014

Les derniers mois de Franz Kafka

Kafka : le nom est magique. Transformer un des écrivains les plus importants du 20e siècle en personnage de roman est cependant risqué. Michael Kumpfmüller avance avec prudence. Le plus souvent, son personnage principal est appelé « le docteur », puis Franz quand sa relation amoureuse avec Dora, rencontrée en juillet 1923, évolue vers une vie de couple – bientôt dévastée par la maladie. Son entourage est présent dans le livre, avec la même discrétion. Il est question de son ami Max : Max Brod, écrivain lui aussi, et exécuteur testamentaire de Kafka. De M. et F. : Milena et Felice, les grandes figures féminines de sa vie, avec ses sœurs. De ses parents…
Mais c’est Dora qui illumine le roman, en même temps que la vie d’un homme dans ses derniers mois. Il mourra, à côté d’elle, moins d’un an après leur rencontre, au sanatorium où son souffle rare de tuberculeux s’éteint progressivement. Ils ont fait des projets de mariage, auquel le père de Dora s’oppose car Franz ne lui semble pas assez religieux pour entrer dans la famille. Ils ont connu ensemble les derniers sursauts créatifs d’une écriture de plus en plus pénible. Kafka écrit Le terrier, dont Dora a l’impression, sans tout à fait comprendre, qu’il recèle un sens caché la concernant.
De littérature, il est assez peu question entre Franz et Dora. Mais la littérature, celle de Kafka bien sûr, traverse La splendeur de la vie, contamine un style clinique grâce auquel on entre sans détours dans le quotidien du couple. L’effrayante inflation en Allemagne, les difficultés à trouver les produits de première nécessité. Et la faiblesse de Franz, les variations de température d’un corps qui l’abandonne. C’est triste, digne, beau.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire