mardi 29 juillet 2014

Vers la rentrée (5) avec Lydie Salvayre

Je n'introduis ici que les livres lus. Et, bien que réservant un avis plus circonstancié aux articles que j'aurai à écrire, je ne m'interdis pas de dire le plaisir (ou le déplaisir) trouvé dans les romans à paraître dans peu de semaines, à la rentrée. Lydie Salvayre ne m'a jamais déçu. Chacun de des ouvrages est différent des précédents. Mais chacun est porté par des indignations venues de loin et éclairé par une ironie réjouissante. Pas pleurer est de cette eau-là, torrentueuse, pas toujours claire, dans laquelle on trempe volontiers pour se nettoyer de quelques idées trop confortables.

Pas pleurer, selon l'éditeur

Deux voix entrelacées.
Celle, révoltée, de Georges Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les nationaux avec la bénédiction de lʼÉglise catholique contre les «mauvais pauvres». Son pamphlet, Les Grands Cimetières sous la lune, fera bientôt scandale.
Celle de Montse, mère de la narratrice et «mauvaise pauvre», qui, soixante-quinze ans après les événements, a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours radieux de lʼinsurrection libertaire par laquelle sʼouvrit la guerre de 36 dans certaines régions dʼEspagne.
Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent, comme enchantées par lʼart romanesque de Lydie Salvayre, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, portées par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.

L'auteur, Lydie Salvayre

Lydie Salvayre a obtenu le prix Hermès du premier roman pour La Déclaration, le prix Novembre (aujourdʼhui prix Décembre) pour La Compagnie des spectres et le prix François-Billetdoux pour BW. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues. Certains ont fait lʼobjet dʼadaptations théâtrales.

Les premières lignes

Au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit, monseigneur l’évêque-archevêque de Palma désigne aux justiciers, d’une main vénérable où luit l’anneau pastoral, la poitrine des mauvais pauvres. C’est Georges Bernanos qui le dit. C’est un catholique fervent qui le dit.
On est en Espagne en 1936. La guerre civile est sur le point d’éclater, et ma mère est une mauvaise pauvre. Une mauvaise pauvre est une pauvre qui ouvre sa gueule. Ma mère, le 18 juillet 1936, ouvre sa gueule pour la première fois de sa vie. Elle a quinze ans. Elle habite un village perdu de la haute Catalogne où, depuis des siècles, de gros propriétaires terriens maintiennent des familles comme la sienne dans la plus grande pauvreté.

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