mercredi 24 août 2016

Brigitte Giraud, du Portugal à la France

Entre le Portugal où il est né et la France où sa mère a fui avec lui la dictature, Olivio découvre le monde par fragments souvent contradictoires. Les pièces du puzzle ne lui arrivent pas seulement dans le plus grand désordre, elles semblent surtout appartenir à plusieurs projets qu’il est impossible de fondre en une seule image cohérente.
Le père d’Olivio a disparu quelque part en mer, lui a-t-on dit au Portugal, mais le globe terrestre est vaste, constate-t-il lorsqu’il se trouve devant une mappemonde, et la police secrète de Salazar est proche. En France, destination qu’il était interdit de nommer dans un train censé le conduire avec sa mère jusqu’à l’Espagne seulement, en compagnie du chaton rescapé d’une tempête, la famille se reconstitue de manière bien peu satisfaisante. Max, qui passe ou aime se faire passer pour un homme providentiel, n’apprécie guère Olivio. Le passé algérien du beau-père donne à l’autre côté de la Méditerranée des couleurs très différentes de celles utilisées par Ahmed, un garçon sombre et peut-être capable de violence, mais qui est devenu le meilleur ami d’Olivio. Déçu, une fois encore, par l’école où le Portugal n’a aucune place dans le cours d’Histoire…
Dans Nous serons des héros, Brigitte Giraud choisit, plutôt que de tout ranger dans un espace rationnel, de laisser aller. Jusqu’à l’imprévisible drame qui conclut sans rien achever de la période pendant laquelle un adolescent, à défaut de se construire, s’est trouvé face à d’insolubles questions. Fragiles fondations dont il nous reste à imaginer ce qu’elles pourraient soutenir dans l’avenir d’Olivio. A moins de se contenter de ce roman qui se suffit à lui-même.

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