jeudi 1 décembre 2016

Le livre, ça va, ça vient (3)

La bière belge, ou les bières belges, je n’ai pas vraiment étudié la question, entrent donc au patrimoine cuturel immatériel de l’humanité. Il faudra essayer de faire comprendre aux piliers de bar, j’en connais, j’en ai fréquenté de près, que leur ivresse est immatérielle.
Une bière belge s’appelle la Rodenbach, comme Georges, l’écrivain de Bruges-la-morte.
Jules Renard avait, en 1894, un mot sur Rodenbach, l’écrivain, qui aurait pu s’appliquer à la bière : « une littérature de cave fraîche. »

J’ai croisé Dany Laferrière il y a une semaine à Madagascar, et je me serais épuisé à vouloir le suivre dans toutes les activités que son programme lui imposait. Il était dans une librairie d’Antananarivo, jeudi matin, interrogé très (trop ?) sérieusement par les autres participants à la table ronde, jusqu’au moment où il s’est lâché. Le public a, à ce moment, commencé à accrocher vraiment, et le temps ne comptait plus. On avait failli oublier que Dany Laferrière était un écrivain drôle. S’il ne s’était pas chargé de le rappeler lui-même, je lui aurais reparlé de sa grand-mère, dont il avait loué la lenteur et la sagesse, sans dire ce qu’il racontait dans un de ses livres (je ne sais plus lequel), quand cette même grand-mère lui expliquait que son attitude devait moins à un état d’esprit remarquable qu’à l’état de ses articulations. J’aurais pu aussi lui citer cet extrait de Journal d’un écrivain en pyjama, où il raconte les meilleurs côtés de sa vie :
« Mon premier livre est paru en novembre 1985, et mon sort a changé. Je ne suis pas devenu riche, loin de là, mais depuis, je mène la vie dont j’ai toujours rêvé. J’ai bien fait de miser toute ma fortune et mon énergie sur cette carte. J’ai cru dans ces fables qui ont nourri mon enfance, surtout celles où un pauvre hère, d’un coup de baguette magique, devient un prince. Il suffit d’avoir une bonne fée, ce que fut l’écriture dans mon cas. Je suis encore étonné, moi qui voyage tant de n’avoir jamais payé un seul billet d’avion, ni une chambre d’hôtel, ni même un repas au restaurant. J’ai fait disparaître l’argent de mon champ visuel. Je traverse le monde, en sifflotant, laissant derrière moi une île à la dérive. »
En quittant Madagascar, il a fait escale à Paris avant de reprendre l’avion pour Port-au-Prince où s’ouvre aujourd’hui, jusqu’au 4 décembre, le Festival Étonnants Voyageurs. Il y retrouvera de nombreux écrivains haïtiens, ceux qu’on connaît et ceux qu’on devrait encore découvrir, ainsi que, par exemple, In-Koli Jean Bofane, Bernard Chambaz, Paule Constant, Hakan Günday, Bob Shacochis, sans oublier Michel Le Bris.

Le Calendrier de l’Avent du domaine public est ouvert. Chaque jour de décembre, en commençant donc aujourd’hui, il fournit le nom d’un auteur dont les œuvres entreront dans le domaine public le 1er janvier prochain. Et cela démarre fort, avec Herbert George Wells, né en 1866, mort en 1946, qui a signé en trois ans quatre classiques majeurs de la science-fiction : La Machine à explorer le temps (The Time Machine, 1895), L’Île du docteur Moreau (The Island of Doctor Moreau, 1896), L’Homme invisible (The Invisible Man, 1897) et La Guerre des mondes (The War of the Worlds, 1898). On relirait volontiers Un homme de tempérament, de David Lodge, en attendant, d’ici au 31 décembre, les noms des autres auteurs qui, comme le dit le site, s’élèveront dans le domaine public en 2017.
Petite précision pour les distraits : les traductions françaises de Wells ne seront dans le domaine public dans un mois que si le ou les traducteur(s) sont aussi morts avant 1947. Et pas pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale…

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