dimanche 18 décembre 2016

Le livre, ça va, ça vient (7)

Vous le savez aussi bien que moi, les conversations nocturnes bénéficient d'une liberté totale, voire même de l'impunité. C'est pourquoi je ne suis qu'à moitié surpris de cet échange, avec un ami provisoirement lointain, tenu quelque part entre deux continents, avec un décalage de deux heures, il était une heure du matin chez moi.

Tout à coup, sans prévenir, il me lance:

Et, dans ses jambes où la victime se couche,
Levant une peau noire ouverte sous le crin,
Avance le palais de cette étrange bouche
Pâle et rose comme un coquillage marin.

Ce qui, reconnaissez-le avec moi, a une certaine allure.
Je ne tenais pas absolument à avoir le dernier mot, mais j'avais quelque chose à ajouter.
Je l'ajoutai donc, pour embellir la joute:

Discussion entre Raynaud et moi sur Mallarmé. Je dis: «C’est stupide». Il dit: «C’est merveilleux». Et cela ressemble à toutes les discussions littéraires.

Coolus me raconte cette artiste idée de Mallarmé. Une petite fille, toute petite, a un parapluie, tout petit. Arrive un omnibus à quatre chevaux, gros comme un monstre. La petite fille lève son petit parapluie, et le monstre s’arrête.

Mallarmé. Ses vers sont un peu de la musique, oui, comme les vers libres sont un peu du dessin.

Mallarmé écrit avec intelligence comme un fou.

Et, de cela, j'avais fait la collecte, depuis quelque temps, dans le Journal de Jules Renard.

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